Voilà une interview qui me tenait à cœur et grâce à la
participation de Cate P. (prononcé à l’anglaise « Keity Py » s’il
vous plaît !), je vais enfin pouvoir vous présenter le profil d’une
maquilleuse professionnelle.
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Cate P. en pleine séance de maquillage (j'adoooore cette photo !)
Crédit photo : Cédric Odet |
Sous le pseudo Cate P. se cache une femme énergique et talentueuse, une
femme dont la détermination depuis le plus jeune âge l’a menée là où elle est
aujourd’hui, à la tête de sa propre société, Cate P. Beauty. Mêlant le français
à l’anglais sur un ton naturel et enjoué, Cate P. nous livre ses astuces.
Bonjour Cate et merci infiniment
d’avoir accepté cette interview. Commençons par le commencement, peux-tu nous dire
quelles études tu as fait pour devenir maquilleuse ?
J’ai fait un BAC compta mais plus
pour mes parents car mon cœur était ailleurs… la beauté, en commençant par la
coiffure. J’ai fait une école privée de coiffure pendant 1 an en accéléré. A la
sortie de l’école, je savais déjà ce que je voulais faire ou ne pas faire. Je
savais notamment que je ne voulais pas travailler dans un salon de coiffure
mais en studio pour des shootings de mode. Mais comment je suis devenue
maquilleuse ? Il faut que je te raconte la petite histoire !
Je suis partie à Londres pendant
mes vacances. J’étais logée chez mes cousines. Là-bas, par hasard, j’ai vu dans
un journal un prospectus pour le London College of Fashion et je me suis tout
de suite dit « c’est ça que je veux faire ! ». Mais mes cousines
me disaient que c’était très dur, que je n’y arriverais jamais et ceci et cela.
J’étais déterminée alors je me suis lancée, je me suis présentée pour un niveau
équivalent au BTS en maquillage. J’avais 22 ans. A l’entretien, on m’a demandé
si j’avais fait de l’art. Moi de l’art ? Mais qu’est ce que ça vient faire
avec le maquillage ? Et le responsable de recrutement de l’école
m’explique qu’il n’est pas possible de faire du maquillage sans avoir fait de
l’art. Comme j’étais vraiment motivée, je suis donc restée 1 an de plus à
Londres pour faire une école d’art et je dois dire que j’étais parmi les plus
doués ! Puis quelques semaines avant de me présenter de nouveau à la LCF,
j’ai été renversée par une voiture à Londres. Je me suis retrouvée avec la
jambe dans le plâtre pour aller à mon rendez-vous de la LCF ! C’est même
le chauffeur de taxi qui a du porter mes affaires jusqu’au bureau du responsable
de recrutement ! Heureusement, il a vu que j’avais vraiment beaucoup
bossé, que j’étais une excellente élève en art, il a vu ma détermination à
étudier à la LCF et c’est ainsi que j’ai gagné ma place dans cette fameuse
école !!! J’ai fait 2 ans à la LFC.
Après avoir eu ton diplôme à la
LCF, quel a été ton parcours professionnel ?
J’ai commencé à travailler chez
Space NK à Londres. On y trouve des marques comme NARS, Laura Mercier, Stila,
Caudalie, Darphin. J’y suis restée 1 an. Puis j’ai travaillé chez Selfridges
pour Elizabeth Arden. Mais je ne supportais pas leur code vestimentaire,
pantalon rouge t-shirt blanc. Au loin je regardais avec envie le corner MAC.
Puis un jour, la responsable de MAC me dit « Mais qu’est ce que vous
faites là ? Vous, vous êtes une fille MAC, vous aimeriez travailler pour
nous ? Donnez votre démission, je vous prends tout de suite dans mon
équipe ! ». C’était juste hallucinant et là, je me suis sentie
revivre. J’ai adoré travailler chez MAC. On avait notre dose d’adrénaline tous
les jours, on travaillait avec la musique, on accueillait des clientes
exigeantes mais sur nos bons conseils, elles repartaient toujours satisfaites.
Ensuite, j’ai décidé de partir
pour New York où j’ai pu travailler pour Ayako Yoshimura, une grande make up
artist. Je l’ai notamment assisté pour le maquillage de Heidi Klum pour Vogue
Espagne puis Vogue Allemagne. D’ailleurs, Heidi Klum a vraiment été
exceptionnelle, simple et hyper accessible. Je me suis même permise de lui dire
de rester telle qu’elle était, naturelle et humble. C’était un plaisir que de
travailler avec elle ! Cette expérience a confirmé mon envie de travailler
dans le milieu de la mode.
J’ai ensuite été l’assistante de
Charly Green, le maquilleur des défilés Victoria’s Secret. Petit à petit, je me
faisais de bons contacts dans le milieu de la mode.
Puis un jour, on m’a proposé un
stage dans une agence de mannequin à New York. J’ai accepté même si ce n’était
pas payé. Mais là encore, je pouvais me faire de l’expérience et de nouveaux
contacts. Je m’occupais de mettre à jour les books des mannequins, d’assister les
bookers de l’agence dans leur travail. Un jour, mon Directeur me demande de lui
apporter le book de Liberty, je lui donne. Puis il me demande le book d’Eva, je
lui donne aussi. Et il me demande encore un autre book, celui de Naomi. Et là
je me dis « tiens Naomi ? » Alors j’ouvre le book et je reste
scotchée ! J’avais entre les mains le book de Naomi Campbell ! Quand mon
Directeur me disait Liberty, c’était Liberty Ross ! Eva ? C’était Eva
Herzigova ! J’ai réalisé que j’avais intégré l’une des 3 plus grandes
agences de mannequinat de New York !!! Moi qui ne gagnais pas un sous, je
travaillais et partait souvent la dernière pour finir mon travail, j’étais
passionnée ! Et mon implication a payé car ma Directrice m’a dit un jour
« je sais que nous ne te payons pas pour ce travail mais si un jour, tu as
besoin d’un coup de pouce, je prendrais le téléphone et te donnerais de bons
contacts ».
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Cate P. en compagnie de Jade Jagger, qu'elle a maquillée pour le défilé de Paco Rabanne au Crillon |
Quels conseils donnerais-tu aux
filles qui veulent se lancer dans le maquillage professionnel ?
Je leur dirais avant tout de
suivre leur intuition, de n’écouter qu’elles-mêmes, de se faire confiance et de
s’y mettre à fond ! Il faut de la patience, de la persévérance, être
toujours disponible, sérieuse et se donner à 200% même si on est payé une
misère ou même pas du tout.
Si elles peuvent suivre une
école, c’est bien. Mais pour celles qui ne peuvent pas, on trouve maintenant de
très bonnes vidéos de tutos. Moi-même, je me perfectionne grâce à ces vidéos ou
lorsque j’ai envie de me lancer dans une nouvelle technique de maquillage.
Enfin, le meilleur moyen de
démarrer, c’est vraiment de travailler dans le milieu de la mode car vous êtes tout de suite en contact
avec les personnes concernées, assistant stylistes, coiffeurs, photographes
etc. et vous pouvez former votre propre équipe pour commencer à faire vos test
shoot (premières photos pour votre book.)
Passons maintenant au matériel
indispensable. Quel « kit de démarrage » faut-il avoir pour faire de
beaux make ups ?
Pour le maquillage, il faut
du fond de teint en différentes teintes, poudres, anticerne, palette de
plusieurs fards à paupière, blush, palette de rouge à lèvres, mascara, crayon
noir et bien sûr les indispensables...de bons pinceaux !
Au minimum 1 pinceau poudre, 2 pinceaux pour
fards à paupières (applicateur pour la précision et un estompeur pour des
maquillages plus flous), 1 pinceau blush et 1 pinceau lèvres.
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Une (petite) partie du matériel de Cate P. |
As-tu des marques de pinceaux à
recommander ?
Les MAC et les MUFE ont un bon
rapport qualité/prix. Les Smashbox sont également très qualitatifs. Et j’aime
beaucoup aussi les pinceaux Shu Uemura pour leur grande précision mais là, les
prix s’envolent.
Faut-il payer cher pour avoir du
bon make up ?
Pas forcément. Il y a de bons
produits en grande surface chez L’Oréal par exemple. Mais je dis qu’il faut
tester car chaque femme n’a pas les mêmes besoins. Un produit va lui convenir
mais pas à une autre donc il est essentiel de tester.
Avec quelles marques
travailles-tu ?
Je travaille beaucoup avec Shu
Uemura, Lancôme, Black Up pour les peaux noires. J’aime bien aussi Armani,
Givenchy et MAC bien sûr !
Faisons maintenant un petit BEST
OF :
Quel est le best of fond de
teint ? Smashbox
L’anti-cernes ? Armani
Le rouge à lèvres ? Shu Uemura
Le Fard à paupières ? NARS
Le mascara ? Phénomène Eyes de Givenchy
L’eye liner ? Celui de Revlon avec le pinceau
La poudre ? Black Up pour les peaux noires et MAC,
Shu Uemura ou Smashbox pour les autres
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Maquillage réalisé par Cate P. |
Je vais maintenant te poser
quelques questions qui pourraient vraiment aider mes lectrices.
Est-il indispensable de mettre
une base de maquillage, puis de finir par un fixateur ?
Pour moi, ce n’est pas
automatique. Je le fais pour des occasions comme les mariages, pour des
célébrités avant de passer sur scène, mais sinon je n’en mets pas forcément, à moins que la personne
ait une peau grasse et des problèmes au niveau de la tenue de son maquillage. Mais si la peau est bien
préparée, si le make up est bien réalisé, il devrait tenir toute la journée
sans base et sans fixateur sans problème.
Est-il vrai de dire que telle
couleur va mieux aux yeux bleus qu’aux yeux marrons ? Ou peut-on tout se
permettre ?
Je ne suis pas pour ces
restrictions. Il faut savoir adapter son maquillage à son look. Quel message
veut-on faire passer ? Bien sûr, il faut pouvoir assumer son maquillage.
Mais non je ne suis pas pour dire que telle couleur de fards ne va que à telle
couleur d’yeux. Bien sûr, si on a des cernes un peu rouges, on va éviter le
rose sur les paupières. C’est juste un peu de bon sens.
Egalement, penses-tu qu’une
femme mature ne puisse plus se maquiller comme à ses 20 ou 30 ans ?
J’ai envie de dire que si une
femme aime se maquiller, qu’elle ait 50 ans ou plus, elle peut ! Je trouve
que c’est déprimant de se limiter. Il faut juste oser et adapter son
maquillage. Rien n’est interdit tant que
c’est bien accordé.
Quelles sont les erreurs à ne
pas commettre ?
Le maquillage, c’est comme l’art.
Il faut que tout s’accorde. Et la base d’un bon maquillage, c’est le teint.
Qu’il soit naturel ou plus sophistiqué, il faut qu’il soit parfait. Donc éviter
à tout prix de surcharger le teint ou même de le négliger.
Si vous utilisez une poudre
bronzante, il faut penser à poudrer le visage avant. On n’appmlique pas une
poudre bronzante directement sur la peau.
Pensez aussi à votre peau. Car un
bon maquillage qui tient ne va pas sans une peau bien hydratée.
Et enfin, faites attention à vos
sourcils car ils structurent le visage. Des sourcils négligés plombent un
maquillage.
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Cate P. maquille pour de grands défilés
Crédit photo : Cédric Odet |
Quelques conseils pour une fille
qui souhaiterait commencer à se maquiller ?
Le plus important, c’est le
teint. Aussi je lui conseille de travailler son teint. Ensuite, elle peut juste
mettre un trait de liner, du mascara et un peu de gloss sur les lèvres. C’est
tout et ça suffit largement !
Comment doit-on maquiller de
grands yeux pour les rendre un peu plus petits ?
Il faut travailler le creux de la
paupière fixe avec une ombre foncée. Cela va permettre de refermer l’œil.
Et je précise pour mes lectrices
que la paupière fixe, c’est la partie qui ne bouge pas de la paupière
supérieure (eh oui moi aussi j’ai appris quelque chose ! Je pensais que la
paupière fixe, c’était la paupière inférieure…).
Et à l’inverse, comment
maquiller de petits yeux pour les agrandir ?
Il faut miser sur des couleurs
claires sur la paupière mobile en débordant vers l’extérieur pour ouvrir le
regard. Ensuite on triche un peu en travaillant le creux de l’œil. Et on finit
par un trait de crayon blanc à l’intérieur de l’œil.
Que faire pour les paupières
tombantes ?
Avec une couleur sombre, on va
essayer de faire un œil de biche. On travaille le creux de l’œil mais surtout
on ne dépasse pas la ligne qui part de la pointe extérieure de l’œil à la
pointe extérieure du sourcil. S’il faut, on corrige en montant vers le haut
avec un coton tige. Cela va donner l’impression que l’œil remonte.
Peux-tu nous donner quelques
conseils de pose pour le fond de teint, l’anti-cernes, le rouge à lèvres et la
fard a paupières ?
Fond de teint : cela dépend
des textures mais je préfère le poser au pinceau pour un rendu plus léger et
pour pouvoir construire mon maquillage
Anti-cernes : j’aime l’appliquer
au doigt pour réchauffer la matière et la faire pénétrer. Ensuite avec un
pinceau, je vais l’appliquer de manière plus précise au ras des cils inférieurs
et je finis en l’estompant au doigt.
Rouge à lèvres : cela dépend
aussi de l’effet que l’on souhaite avoir. Pour un rouge à lèvres bien défini,
il faut utiliser le pinceau pour le tracer. Déposé directement sur les lèvres
puis on pince ses lèvres sur un mouchoir en tissu, le rendu sera un peu plus
naturel. Enfin pour une personne qui veut juste apporter une touche de couleur
à ses lèvres sans effet de matière, je tapote le rouge à lèvres légèrement sur
les lèvres.
Fard à paupières : là aussi,
cela dépend de l’effet recherché. Pour un maquillage et un trait précis, on
utilise le pinceau. Pour un maquillage naturel et fondu, on travaille la
matière au doigt en l’estompant ou en l’étirant.
Comment peut-on rafraîchir un
maquillage sans l’abîmer ?
Avec un mouchoir en papier, on
tapote légèrement là où la peau brille. On repoudre légèrement, on refait un
peu le blush et les lèvres et le tour est joué !
Parlons maintenant du maquillage
d’hiver. Quelle est selon toi la tendance de l’hiver 2013 au niveau des
couleurs et des textures ?
Pour les yeux, je vois bien le
soft smoky ou le charbonneux glossy. Pour les lèvres, on joue sur les bordeaux,
lie de vin avec une texture mat ou légèrement satiné, mais surtout pas de
glossy. Et enfin, le teint se doit d’être unifié et légèrement poudré.
As-tu une astuce pour un teint
lumineux en hiver ?
Je conseille à mes clientes de ne
surtout pas jeter leur fond de teint de l’été car il va servir encore en hiver.
On va juste l’appliquer sur les zones saillantes du visage, front, pommettes,
mâchoire pour réchauffer le teint. Et on garde la zone médiane du visage
naturelle en appliquant une poudre réflectrice de lumière.
Merci Cate d’avoir partagé ton
expérience avec nous. Merci aussi pour tes précieux conseils et ta
disponibilité ! J’ai vraiment été ravie de pouvoir te rencontrer et passer
ce moment avec toi. Je suis sûre que mes chouquettes auront appris plein de
choses grâce à toi !!!
Et pour vous mes chouquettes,
Cate P. vous prépare une surprise… Stay tuned !!!
(^__^)